Au milieu des années 1970 Edward Walker a utilisé sa fortune pour bâtir un village isolé et vivre en totale autarcie. Il fut rejoint dans ce projet utopique par un groupe de personnes voulant fuir la folie des hommes (avidité, viols, meurtres … ).
Le générique de début est important, il introduit le film, utilisant déjà des procédés que l’on retrouvera tout au long du film. Le spectateur est tout de suite plongé dans l’ambiance.
Des branchages puis des arbres paraissent noirs car ils sont en contre jour. Le contre plongée qui laisse entrevoir un ciel gris et couvert prête un côté menaçant à la forêt. Le spectateur se sent oppressé.
Cependant ce ne sont que des arbres. La peur ne vient que de l’imagination, le contre jour, les plans en contre plongée et le mouvement fluide et rapide de la caméra la suscitent et la renforcent.
La musique et les sons ont une place prédominante dans le film.
On entend souvent venir de la forêt un bruit étrange, comme une longue plainte, qui terrifie les villageois. Ces plaintes gardent le village sous l’emprise totale de la peur, à chaque fois qu’ils les entendent, elles leur rappellent la menace des créatures.
Lors des scènes où la caméra est comme cachée dans la forêt, on entend tous les sons de feuillages alentour, et les bruits de branches qui craquent sous les pas. Les sons permettent de renforcer l’impression que quelqu’un ou quelque chose observe le village.
Puisque le personnage principal est aveugle, tout le sonore augmente l’angoisse car c’est par ça qu’elle se repère. On voit lorsqu’elle est dans la forêt à quel point les bruits peuvent perturber.
La musique suit les sentiments et sensations de Ivy. Elle permet au spectateur de partager sa terreur, son inquiétude.
Le film se passe dans un village situé dans une clairière au coeur d’une forêt, c’est en Amérique mais il n’y a aucune indication précise. Ce doit être la fin de l’automne, il y a de la brume, les arbres ont déjà perdu toutes leurs feuilles, ce qui rend leurs silhouettes squelettiques encore plus menaçantes.
Cependant dans ce film aucune précision n’est jamais donnée, on suppose donc que l’on est à la fin du XIXème siècle, au début du film on lit 1897 sur une tombe.
Ivy est le personnage principal, une jeune fille aveugle.
Noah Percy est l’ami de Ivy, il est atteint de folie douce, c’est l’idiot du village.
Lucius Hunt, jeune homme courageux et sûr de lui, veut permettre au village d’obtenir des médicaments plus efficaces que les remèdes traditionnels. Il est amoureux d’Ivy, son amie d’enfance.
Les Anciens forment le conseil du village, ce sont elles qui l'ont bâti, ils en sont les personnes les plus importantes.
Ce film possède des plans particuliers, souvent longs et très fluides.
Au début du film, alors qu’on ne sait encore rien du village et de sa situation, il y a un plan suggestif. Dans une flaque d’eau se reflète une silhouette vêtue de rouge qui se déplace. Cela permet au spectateur de donner corps à une menace encore imprécise.
Certains sont subjectifs1, le village est filmé comme si quelqu’un l’observait de la forêt : la caméra est à hauteur d’yeux, se déplace et se tient derrière quelques arbres, comme cachée.
Ici la caméra se déplace vers la gauche, comme si quelqu’un marchait :
Dans le même genre, lorsque Finton et Lucius sont dans le mirador attentifs à la forêt, la menace s’affirme par un plan à hauteur d’yeux comme si l’on regardait le mirador en s’éloignant, en s’enfonçant plus profondément dans la forêt.
Seul le mirador est éclairé, la forêt reste dans la pénombre, les arbres aussi, on ne peut jamais voir ce qu’ils cachent. Ce plan revient à plusieurs reprises, comme si le mirador était surveillé en permanence.
Comme précédemment les plans ne permettent pas de voir l’intérieur de la forêt. La visibilité s’arrête dès la frontière.
Lorsque l’on voit les jeunes jouer au jeu du courage, seuls quatre arbres sont visibles, derrière tout est noir, on peut donc imaginer que quelque chose s’y dissimule.
Un peu après ce plan, on en voit un autre qui renforce nos craintes, le garçon est vu de dos, la caméra est à l’intérieur de la forêt, c’est encore un point de vue subjectif.
Dans la forêt Ivy est filmée de dos, on ne peut voir ni devant elle, ni derrière elle ni sur les côtés. C’est comme si le spectateur ne voyait rien, on se retrouve un peu aveugle, comme l’est Ivy.
De plus il y a des bruits, Ivy tourne sa tête en essayant de repérer leur origine mais le spectateur ne voit pas vers quoi elle se tourne, le plan reste sur son visage, et ses yeux aveugles qui cherchent. On se rend compte à quel point il est dangereux pour elle qui est aveugle de se trouver là. Lorsqu’elle est prise de panique et qu’elle court, le plan est en contre plongée sur son visage, cela met en valeur sa cécité, et inquiète le spectateur.
C’est avec ce plan que l’angoisse est à son comble. Elle s’arrête, le plan menaçant est en plongée et s’éloigne de plus en plus, toutes les baies rouges confirment le danger qu’elle court: le rouge attire les créatures.
Le spectateur adhère peu à peu aux croyances du village.
Une créature apparaît alors. La scène se joue sur l’attente pesante et l’effet de surprise.
Entre les scènes de poursuite entre la créature et Ivy, il y a des plans d’arbres très hauts qui sont violemment bousculés par le vent. Ils s’accordent au rythme de la musique qui est très intense lors de la poursuite. Ces longues silhouettes d’arbres nus inquiètent sans raison, ils accentuent l’angoisse de la scène de la poursuite.
Caméra subjective:
En caméra subjective, la caméra est le sujet de l'action ; le point de vue de la caméra est alors celui d'un personnage, de telle sorte que le spectateur ait la sensation de partager la perception visuelle de celui-ci. Il participe à accentuer le processus d'identification au personnage de la part du spectateur.